À 120 ans, la loi de 1905 n’a pas pris une ride. L’étude Que vive la laïcité ! de la Fondation Jean‑Jaurès le prouve : 50 contributions et une même urgence. Sans laïcité, pas de liberté de conscience. Sans liberté de conscience, pas de citoyens égaux. Sans citoyens égaux… pas de République.
La loi de 1905 fête ses 120 ans. À cette occasion, la Fondation Jean-Jaurès publie Que vive la laïcité !, un dossier de 50 contributions coordonnées par Hadrien Brachet, Iannis Roder, Laurence Rossignol et Milan Sen. Ces voix – historiens, juristes, politiques – rappellent l’urgence : la laïcité n’est ni totem identitaire ni arme culturelle, mais rempart de la liberté de conscience face aux intégrismes et relativismes. Dans une France divisée, où 40% voient la laïcité comme pilier identitaire, ce manifeste appelle à réarmer la République.

Laïcité : un droit avant d’être un drapeau
On l’accuse d’être “froide”, “islamophobe” ou “dévoyée”. Elle est tout le contraire : une libération. La loi de 1905, c’est la fin du droit divin, le triomphe du libre arbitre. Aristide Briand écrit un texte d’équilibre : pas de Dieu officiel, pas d’argent public pour les cultes, et la plus précieuse des libertés — celle de croire ou non, sans crainte d’aucune autorité. Et si on relisait l’article 31 et l’article 35 ? Ils interdisent pressions et menaces religieuses. La laïcité, ce n’est pas la neutralité molle : c’est une protection active. La loi du 15 mars 2004, héritière de 1905, prolonge ce combat : garantir aux mineures un espace où la liberté de conscience n’est pas négociable. Pas une guerre contre la religion, mais une barrière contre l’emprise.
La laïcité colonne vertébrale de l’école à la Constitution
La laïcité est née dans les salles de classe. Léon Gambetta le disait déjà : « Impossible d’avoir une République adulte si l’Église forme encore les esprits.
L’école publique, c’est le creuset de l’émancipation. Dans un monde où l’abaya ou le voile deviennent des tests politiques, faut‑il le rappeler ? L’école n’est pas un reflet du monde, c’est son antidote. Et si la laïcité reste debout, c’est qu’elle n’a jamais cessé d’être le cœur du droit. »
L’article 1ᵉʳ de la Constitution du 4 octobre 1958 l’affirme : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. » Ce n’est pas une formule : c’est un socle.

Réarmer la République
Conseil d’État, Conseil constitutionnel… tous ont bâti ce bloc : neutralité de l’État, égalité des convictions, primat du droit commun sur les dogmes.
La laïcité n’est pas un camp. C’est la condition du débat. 120 ans après, la Fondation Jean‑Jaurès lance un signal : réveillez‑vous. La laïcité n’est ni un totem ni un tabou. Elle est la clé de voûte. Sans elle, l’État se fait juge des âmes ; avec elle, il protège les citoyens.
En agençant cinquante textes comme autant de “tiroirs”, la Fondation Jean‑Jaurès démontre que la laïcité est à la fois une histoire, un droit, un combat et une culture politique. Attaquée par les intégrismes religieux, instrumentalisée par les démagogues identitaires, relativisée par une partie de la gauche, elle reste pourtant le seul principe capable de tenir ensemble liberté de conscience, égalité civique et fraternité réelle.
Jean-Claude Djian




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