
Nuage atomique au-dessus d’Hiroshima, photographié depuis l’Enola Gay © AP Public domain, via Wikimedia Commons
Le 6 août 1945 à 8 h 15, la première bombe atomique détruit Hiroshima, tuant près de 80 000 personnes. Trois jours plus tard, Nagasaki subit le même sort, précipitant la fin de la Seconde Guerre mondiale. Huit décennies après, le souvenir reste brûlant, entre mémoire, douleur et enjeux mondiaux.

Le pilote Paul Tibbets Photo©Armen Shamlia
Il y a 80 ans, le 6 août 1945, à 8 h 15, un bombardier américain B-29 surnommé Enola Gay piloté par Paul Tibbets largue « Little Boy », la première bombe atomique de l’histoire utilisée en temps de guerre, au-dessus d’Hiroshima.
Hiroshima la cible numéro 1
La ville, choisie pour son importance stratégique et sa géographie, est pulvérisée sur une zone de 12 km² par l’explosion équivalente à 15 000 tonnes de TNT. Instantanément, près de 80 000 personnes périssent, carbonisées par la boule de feu de plus de 400 mètres et le souffle violent qui rase la ville. Des dizaines de milliers d’autres mourront dans les semaines et les années à venir. Le copilote de l’Enola Gay Robert Alvin Lewis dira en regardant le champignon atomique « Mon Dieu, qu’avons-nous fait ? »
Nagazaki et Fat Man
Trois jours plus tard, le 9 août, à 11h58, une seconde bombe au plutonium, appelée « Fat Man », est larguée sur Nagasaki, causant la mort immédiate de plusieurs dizaines de milliers de personnes supplémentaires. L’humanité vient de rentrer dans l’ère nucléaire. Ces bombardements atomiques, combinés à l’entrée en guerre de l’Union soviétique contre le Japon, poussent enfin l’empereur Hirohito à annoncer la reddition, signée officiellement le 2 septembre 1945, mettant fin à la Seconde Guerre mondiale.
Les Hibakusha les damnés du Japon
On les appelle hibakusha, littéralement « personnes exposées à la bombe ». Les hibakusha ont souffert d’effets multiples : brûlures, cancers, leucémies, cécité, stérilité, fatigue chronique, déformation des os… À cela s’ajoutent les traumatismes psychologiques. Certains ont perdu toute leur famille rejeté par la société. Stigmatisés, ils sont souvent mis au banc de la société japonaise, victimes d’une double peine, face au traumatisme et au rejet social. Au 31 mars 2025, les autorités japonaises dénombraient 99 130 hibakusha vivants.
Le Japon sur la ligne des Etats- Unis
Quatre-vingts ans après les tragédies d’Hiroshima et Nagazaki, la mémoire des hibakusha reste vivante et rappellent les douleurs des horreurs nucléaires. Pourtant, le gouvernement japonais n’a toujours pas signé l’accord international de non-prolifération des armes nucléaires, soucieux de ne pas froisser son allié stratégique, les États-Unis, seul pays à avoir utilisé la bombe atomique en guerre, et partenaire incontournable dans les relations internationales actuelles. Alors que la mémoire des bombardements est célébrée, la presse japonaise évoque une certaine « fracture » entre cette mémoire et les récentes politiques de réarmement du Japon avec, plus de dépenses pour la défense, et un alignement sur la stratégie nucléaire américaine, ce qui suscite des critiques des pacifistes et des mouvements politiques de gauche au Japon. Cette tension est présentée comme un dilemme entre la mémoire historique et les réalités géostratégiques actuelles
Le rôle central des lieux mémoriels
Les ruines emblématiques comme le Dôme de Genbaku à Hiroshima, ainsi que les musées du mémorial de la paix, continuent d’être des lieux essentiels mis en avant par la presse pour éduquer le public et faire sentir la réalité de la catastrophe qu’une arme nucléaire peut engendrer.
Quatre-vingts ans après que le ciel d’Hiroshima se soit embrasé, l’ombre portée des bombardements atomiques plane toujours sur l’humanité. Face à la modernisation des arsenaux nucléaires et aux fractures mémorielles, la voix des hibakusha résonne avec une urgence intacte : « Plus jamais ça. »
« À partir de maintenant, nous sommes tous des fils de pute.» Telle est la déclaration qu’aurai fait Kenneth Bainbridge, physicien nucléaire américain, juste après la détonation du premier essai atomique américain Trinity, le 16 juillet 1945.
Trois mois après Hiroshima et Nagasaki, Albert Einstein, prix Nobel de physique en 1921, lance un cri d’alarme sur les dangers de la bombe atomique pour l’avenir de l’humanité dans le journal France-Soir en première page. Pour lui, « un seul remède : confier le secret à un gouvernement du monde ». Dans l’article Albert Einstein affirme. « Je ne crois pas que la civilisation sera anéantie dans une guerre où sera utilisée la bombe atomique. Il se peut que les deux-tiers de la population du globe soient tués, mais il restera assez d’hommes capables de penser et assez de livres pour permettre à l’humanité un nouveau départ et à la civilisation d’être restaurée ». A méditer.
Jean-Claude Djian















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