À Noisy-le-Sec, la 14e édition du Festival du film franco-arabe a confirmé la vitalité d’un rendez-vous qui fait dialoguer cultures, territoires et regards sur le monde. Le succès public en dit long sur la soif de diversité à l’écran.

Le Trianon est un lieu chargé d’histoires, celui où Eddy Mitchell présentait jadis « La Dernière séance ». Le Trianon, classé monument historique, garde cette âme populaire et cinéphile. Chaque automne, il se transforme en vitrine du cinéma franco-arabe. Créé en 2012, le Festival du film franco-arabe de Noisy-le-Sec s’est imposé comme un rendez-vous incontournable pour celles et ceux qui défendent un cinéma de dialogue et d’ouverture attirant les habitants de Seine Saint Denis et désormais de Paris pour découvrir, en avant-première, des films rares – souvent portés par leurs réalisateurs venus en débattre avec le public. Cette proximité fait la singularité du festival : un lieu de rencontre autant que de projection.

Mathilde Rouxel, programmatrice du festival du film franco-arabe

La Tunisie à l’honneur 
Pour cette 14e édition, le focus était mis sur le cinéma tunisien, encore trop peu présent sur les écrans français. Drames sociaux, récits intimes ou regards politiques : les films sélectionnés ont révélé toute la vitalité d’une création qui explore les transitions d’un pays en mouvement.  
Les échanges avec les cinéastes ont aussi souligné l’importance d’un tel espace de visibilité dans un paysage industriel souvent verrouillé. Ici, l’émotion du public rejoint le geste des auteurs : raconter le réel autrement.

Deuils et résistances

Parmi les films en programmation, deux films ont retenu notre attention.
« Têtes brûlées » de Maja Ajmia Zellama, plonge avec sensibilité dans le deuil d’Eya, une jeune fille de 12 ans appartenant à la communauté tunisienne de Bruxelles. À travers le regard d’Eya, le film dévoile la complexité intime du chagrin au sein d’un groupe familial et communautaire soudé, tout en explorant les dynamiques de solidarité et de silence propres à cette diaspora.
Le second film « Deux vies pour l’Algérie » de Jean Asselmeyer,et Sandrine-Malika Charlemagne raconte la vie d’un couple de Juifs communistes algériens. Il retrace leur combat politique marqué par l’arrestation, la torture et l’exil en France, offrant un témoignage puissant sur la période agitée et méconnue de l’Algérie du FLN.
Ces deux films se complètent et s’enrichissent mutuellement, révélant avec une grande sensibilité des histoires de luttes intimes et collectives.

D’année en année, le Festival du film franco-arabe s’impose comme un tremplin indispensable pour de nouvelles voix du sud et du nord de la Méditerranée. Au Trianon, le cinéma reste un langage commun, capable de relier les territoires autant que les imaginaires

Jean-Claude Djian


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